TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone
TourMaG.com, 1e TourMaG.com, 1e

logo TourMaG  




Jean-Paul Betbéze (Crédit Agricole) : « Le système Euro va évidemment durer »


La disparition de l’Euro n’est plus une idée taboue ; de grosses entreprises, des États et des médias en parlent désormais ouvertement. Membre du Comité Exécutif du Crédit Agricole, directeurs des études économiques, Jean-Paul Betbéze fait le point sur la monnaie unique européenne.


Rédigé par Bertrand Figuier le Jeudi 1 Décembre 2011

TourMaG.com - L’actualité ne cesse de remettre en cause l’Euro. Qu’en pensez-vous ?

Jean-Paul Betbéze :
"Dans cette crise de l’Euro, l’essentiel, c’est la construction européenne. Alors que veut-on vraiment faire ? On casse tout ? Ou bien on investit pour réparer ?

C’est une question à beaucoup de milliards d’euros… Et il ne s’agit pas de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Italie… non, il s’agit de toute l’Europe, d’une Europe prise en étau entre sa dette trop forte et sa croissance bien trop molle. Comment étaler la dette dans ces conditions ?"

TourMaG.com - Personne n’a vu venir ce déséquilibre ?

J.-P. B. :
"L’Europe est vulnérable mais, il y a quelques mois, ce n’était pas si évident. On envisageait seulement un ralentissement de l’activité… Or ce ralentissement a été largement sous-évalué. Et les marchés le supportent très mal. En fait, tout vient du non respect du pacte de stabilité.

On a laissé grandir une contradiction entre monnaie unique, donc centralisée, et budgets nationaux, donc décentralisés. Et le mauvais exemple est venu d’en haut, en 2003, de l’Allemagne notamment, mais aussi de la France, où le partage de la monnaie pose crûment la question du partage de souveraineté.

On a surtout pensé aux avantages du système, pas aux inconvénients et au fait qu’à l’avenir, par exemple, aucun État ne pouvant dévaluer, il fallait donc être sérieux en matière de budget."

La BCE a racheté pour 200 s € de dettes souveraines

Jean-Paul Betbéze (Crédit Agricole) : « Le système Euro va évidemment durer »
TourMaG.com - En fait, maintenant, tout le débat porte sur l’action future de la BCE ?

J.-P. B. :
"Elle sera décisive ; puis le soutien des Eurobonds aussi, dès que les choses seront enfin stabilisées."

TourMaG.com - C’est ce qui se fait aux USA…

J.-P. B. :
"Effectivement, nous ne serons pas loin de ce qui se fait aux USA, en Grande Bretagne ou au Japon, par exemple. Pour les Japonais, c’est un jeu simple, car il se joue dans une seule société, une seule culture et un seul pays.

Aux USA, la FED s’en sert non seulement pour faire monter les taux à 10 ans, les taux longs, mais aussi pour faire monter le Yuan. Comme ça ne marche pas, ce sont les autres monnaies qui montent, dont l’Euro ! En Grande Bretagne, il s’agit de refinancer le déficit budgétaire par la Banque Centrale et par l’inflation, tout en jouant sur le temps et sur la discrétion.

Mais les événements récents montrent que ce n’est pas si facile, socialement parlant, d’autant plus que la Britanniques veulent aussi sauver leur système financier.

Dans une moindre mesure, il faut donc reconnaître que la BCE fait pareil, en plus compliqué. Elle a racheté pour 200 Mds € de dettes d’État et finance des banques de la périphérie européenne pour 400 Mds €.

On ne peut donc pas dire que rien n’est fait ; le problème, pour l’Europe, c’est de savoir si cela suffit, par rapport aux USA et à la Grande Bretagne, bien sûr, mais assez aussi au sein même de l’UE. Les besoins en zone Euro sont à la fois très importants et très diversifiés et les Traités n’ont pas été prévus pour cela, puisqu’ils présupposaient que nous serions sérieux !"

BCE, FSF et FMI : environ 3 000 Mds € pour soutenir la monnaie unique européenne

TourMaG.com - Que doit faire la BCE aujourd’hui ?

J.-P. B. :
"Elle a déjà fait beaucoup par rapport à ses propres règles, mais il faut qu’elle continue et, surtout, qu’elle s’engage plus clairement dans la durée.

Rien n’est possible si les États ne font aussi pas d’efforts, non seulement sur la réduction du déficit budgétaire, chacun chez lui ; mais aussi et surtout, sur la coordination de ces efforts dans ce qu’il est convenu d’appeler le « semestre européen ». C’est à partir de cette démarche que l’on pourra parvenir à un meilleur fonctionnement du Fonds de Soutien Financière (FSF) et à la création des Eurobonds.

De toute façon, comme on le disait à l’instant, on ne pourra pas créer un système équivalent à celui des USA ou à celui du Japon…

En revanche, il est possible de combiner le soutien au système bancaire, une meilleure gestion des États et la création des Eurobonds, dans un système où chaque État serait partie prenante, responsable à la fois individuellement et collectivement. Il faudra donc partout, des « règles d’or » sur le budget."

TourMaG.com - Vous croyez que la BCE interviendra davantage ?

J.-P. B. :
"À terme, la BCE fera des efforts, le FSF aidera aussi et le FMI également. On ira sans doute vers un système diversifié et varié, avec la BCE qui mettrait sur la table 1 500 Mds € environ, le FSF plutôt 1 000 Mds et 400 Mds d’Eurobonds.

Cela dit, attention, ce n’est pas si simple. La BCE pourrait acheter jusqu’à 20 Mds€ de dettes souveraines par semaine, elle jouerait alors un rôle d’atténuateur, mais pas de préteur en dernier ressort.

Pour cela, il faut que chaque état s’aide lui même et que tous les États s’aident entre eux. S’il n’y a pas d’effort de la part des États, il n’y aura pas de réconfort auprès de la BCE."

« Tout le monde est conscient de la gravité de la situation, y compris les Allemands »

TourMaG.com - Quelles sont les conséquences éventuelles pour un tour opérateur ?

J.-P. B. :
"Les tour-opérateurs ont profité de l’Euro et ils continueront, car les gens resteront de plus en plus en Europe, à cause des événements politiques ou de la crise économiques, notamment…

Pour un TO, les vraies questions restent le pouvoir d’achat des clients et la politique de prix. Car le système Euro va évidemment durer… D’où d’ailleurs les interrogations actuelles sur la dette allemande.

Vous savez, tout le monde est conscient de la gravité de la situation, y compris les Allemands, dont les banques, soit dit en passant, ont été dégradées récemment par certaines agences de notation. La solution est coopérative ; on doit tous faire des efforts pour gagner… et on va gagner !"

Lu 1662 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus



































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias